Portrait alumni - Gauthier Desmis, Médiateur Familial indépendant

Portrait alumni - Gauthier Desmis, Médiateur Familial indépendant

Passionné par le secteur du social depuis bien longtemps, Gauthier tente d'acquérir le plus d'expérience possible pour faire ses armes dans le milieu. Après plusieurs années d'études et de concours, il intègre l'IRTS Hauts-de-France une première fois pour suivre une formation d'éducateur spécialisé. Après plusieurs années d'expérience au sein de différentes structures, il décide d'évoluer vers le métier de Médiateur Familial et entame une formation du même non à l'IRTS Hauts-de-France. Diplômé en 2017, il est aujourd'hui médiateur familial Indépendant et à monté sa propre société GD Médiation.

A travers ce témoignage, Gauthier revient sur son parcours et nous parle de ses missions de médiateur au quotidien.

Bonjour Gauthier, pourquoi exercer dans le social ? Quel est votre parcours académique ?

Pour expliquer ce choix de carrière, il faut remonter un peu dans le passé. Il faut savoir que j’ai toujours voulu travailler dans le social et je me suis donc très vite orienté vers les concours. J’étais jeune, j’avais 18 ans et malheureusement aucune expérience dans le secteur. Ce manque de compétences m’a donc valu un premier échec au concours. C’est là que j’ai réalisé que dans ce secteur, il fallait faire ses armes. J’ai donc commencé à faire différents stages, notamment auprès de personnes porteuses de handicap, mais aussi du volontariat auprès d’une association spécialisée dans l’organisation de vacances pour enfants issus de familles défavorisées. Je me suis également rapproché de professionnels du secteur pour avoir la culture du métier. 


Entre temps, j’ai intégré l’université pour suivre des cours de sociologie ainsi que la préparation au concours de l’IRTS. En parallèle de ces études, j’ai décidé de retenter le concours en 2000, que j’ai réussi dans plusieurs écoles. C’est à ce moment-là que je débute une formation d’éducateur spécialisé à l’IRTS Hauts-de-France grâce à laquelle j’ai eu l’occasion de réaliser plusieurs stages, notamment axés sur le public des sans-abris, secteur sur lequel j’ai décidé de me spécialiser. A l’époque, il n’y avait pas forcément d’intervenant dédié à ce public, mais grâce à de bonnes rencontres lors de mes stages, j’ai pu développer mon sujet et mon mémoire. Une fois mon diplôme en poche, il était temps de se lancer dans la vie active. 


A cette époque, vous êtes éducateur spécialisé, quel a été votre parcours professionnel ?

Pour des raisons personnelles, j’ai dû déménager en Alsace, région où j’ai pris mon premier poste au sein d’un internat pour travailleurs handicapés. J’ai ensuite poursuivi avec un CDD long au sein d’une association spécialisée dans l’accompagnement de personnes sortant d’hôpital psychiatrique à Mulhouse. Ce fut une très belle expérience qui m’a beaucoup appris. Une fois le CDD terminé, je suis revenu dans le nord et j’ai enfin pu commencer à travailler dans mon secteur : auprès de personnes sans-abris de 18 à 25 ans. Ce service a ensuite évolué vers la création d’un centre d’hébergement social. C’était très intéressant de pouvoir participer au développement du service et de cette structure. J’ai exercé dans cette association pendant quelques années, mais je savais au fond de moi que je ne voulais pas faire toute ma carrière dans ce secteur.

Le diplôme d’Etat de Médiateur Familial a été créé en 2005. C’est un métier qui m’intéressait beaucoup mais pour lequel je ne me sentais pas encore prêt à me lancer. J’ai tout de même fait une semaine de formation “Initiation à la médiation” à l’IRTS Hauts-de-France pour avoir un premier pied dans ce secteur.

J’étais éducateur spécialisé depuis peu et par manque d’expérience, j’ai décidé de continuer à travailler en tant que tel avant de débuter cette formation de médiateur familial. J’ai quand même fait une demande de financement qui, je le savais, prendrait plusieurs années avant d’être acceptée. Entre temps, j’ai donc continué à exercer en tant qu’éducateur spécialisé à Paris dans un service d’intervention éducatif à domicile. Un an plus tard, je revenais dans le nord pour prendre un nouveau poste au sein d’une association. Sans rentrer dans les détails, cette expérience m’a énormément confortée dans l’idée de quitter ce secteur et de me lancer dans la médiation familiale. En 2013, ma demande de financement ayant été acceptée, j’ai débuté ma formation de médiateur familial à l’IRTS Hauts-de-France dont je suis sorti diplômé en 2017. J’ai ensuite eu l’occasion de créer un service de médiation au sein de l’association dans laquelle je travaillais, de la médiation familiale appliquée à la protection de l’enfance.


Vous avez ensuite souhaité travailler en tant que médiateur familial indépendant, quel a été votre cheminement pour y parvenir ?

Depuis quelque temps, j’avais en tête de passer indépendant. J’avais notamment suivi un Master 2 en médiation des entreprises à Paris pour parfaire mes compétences dans le métier. Oui mais voilà, devenir indépendant, ce n’est pas une décision à prendre à la légère. Cela demande du temps et d’accepter de ne pas pouvoir se rémunérer pendant plusieurs mois. Il faut réussir à se vendre sans trop se mettre en avant et développer son réseau. 


Pour résumer, on doit être capable d’intervenir à plein de niveaux différents, dont certains ne correspondent pas du tout à notre domaine d’activité. Aujourd’hui, et ce même si j’ai commencé mon activité professionnelle, je suis toujours en train de développer ma visibilité et de me former à la création d’entreprise. C’est un travail continu. J’ai donc pu créer ma société sous le statut EURL. Ma société s’appelle GD Médiation, créée en septembre 2022 après avoir réalisé une formation d’un mois à la création d’entreprise avec la CCI de Dunkerque. De plus, je bénéficie d’un accompagnement par BGE Flandre Dunkerque pour la communication.


En tant que médiateur familial, quelles sont vos missions ?

En tant que médiateur familial, j’interviens auprès de familles/de couples en conflit, dont le lien a été rompu et où le dialogue n’est plus possible. Je peux intervenir dans le cadre d’une séparation ou encore d'une succession, le but étant de trouver une solution à l’amiable et un terrain d’entente pour leur éviter des procédures judiciaires coûteuses. J’ai également fait les démarches auprès du tribunal pour être médiateur judiciaire, où cette fois-ci les échanges et les négociations sont encadrées par un juge. 


En tant que médiateur, j’ai un champ d’intervention assez large car je n’interviens pas seulement sur le litige, souvent d’ordre financier, mais sur l’origine du conflit. En effet, j’accompagne ces personnes à prendre des décisions mais surtout à organiser leur vie avant/pendant/ après le conflit. Une fois qu’un terrain d’entente a été trouvé, arrive une grosse partie administrative, notamment en lien avec la justice.

Quelles sont les qualités requises ?

Pour exercer en tant que médiateur, il faut déjà bien se connaître et savoir quelle relation nous entretenons avec le conflit. Nous devons parfois faire face à des situations difficiles, des échanges houleux, etc. et il faut être suffisamment à l’aise avec ça pour ne pas se retrouver submergé. Je dirais également qu’il faut être calme, à l’écoute et surtout faire preuve de neutralité. C’est ce que l’on nous apprend en formation d’ailleurs, notamment à faire attention à notre communication non verbale pour ne trahir aucune émotion. Pour finir, je dirais qu’il faut avoir quand même quelques années d’expérience avant, que ce soit en médiation familiale au sein d’une structure ou même sur un autre métier du social. Cela nous apprend beaucoup de choses aussi bien professionnellement que personnellement.


C’est quoi le plus gros challenge que vous rencontrez au quotidien ?

Un des plus gros challenges est celui de la gestion du temps. En tant que professionnel entrepreneur, il faut réussir à accorder du temps pour les entretiens mais aussi pour le développement de l’activité, toute la partie administrative et la comptabilité. Ce n’est pas évident de pouvoir jongler entre tout ça mais tellement enrichissant et dynamisant.


Que vous ont apporté vos années à l’IRTS Hauts-de-France ?

J’ai eu la chance de réaliser une grande partie de mon cursus au sein de l’IRTS Hauts-de-France, c’est donc un organisme que je connais bien aujourd’hui. Mes années en son sein m'ont tout d’abord apporté une culture professionnelle, celle du secteur social bien évidemment, mais aussi celle de se former et d’apprendre en continu. Elle m’a aussi apporté le sentiment de pouvoir transmettre mon savoir et mes connaissances à mon tour.

En 2000, j’ai également eu la chance d’être président des étudiants et de pouvoir m’investir dans l’évolution de l’IRTS. Cette position, couplée à de nombreuses rencontres que j’ai pu faire durant mes études, m’ont permis de développer un réseau professionnel dans le milieu du social et de pouvoir échanger avec différents métiers du secteur. Ce qui est toujours très enrichissant ! Depuis quelques années, je travaille avec l’IRTS par des interventions occasionnelles en tant que guide mémoire ainsi que pour des jurys d’épreuve. 

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