Portrait alumni - Tiffanie Andreoli, éducatrice en centre pénitentiaire pour mineurs

Tiffanie sort diplômée de l’IRTS Hauts-de-France en 2021. Aujourd’hui, elle est éducatrice dans un établissement pénitentiaire pour mineurs, lieu dans lequel elle avait effectué son stage de deuxième année. A travers cette interview, elle revient sur son expérience au sein de l’IRTS Hauts-de-France, nous parle de son métier, de ses missions au quotidien et nous transmet sa passion pour l’accompagnement des jeunes en difficulté.
Bonjour Tiffanie, comment êtes-vous devenue éducatrice en centre pénitentiaire pour mineurs ?
Le métier d'éducatrice est un métier que j’ai toujours voulu faire. J’ai eu la chance de bénéficier d’un financement pour mon diplôme Moniteur Educateur que j’ai obtenu en 2021 à l’IRTS Hauts-de-France. Durant mes études, on avait plusieurs stages à réaliser, et ça n'a pas été évident car c'était en pleine crise sanitaire. J’ai donc fait mon premier stage avec des personnes porteurs de handicap, mais je savais que les jeunes étaient un public avec qui je voulais tout particulièrement travailler. En juillet 2020 j’ai répondu à une offre dans un centre pénitentiaire pour mineurs et j’ai été retenue. J'ai donc effectué mon stage de deuxième année dans cet établissement et j'y travaille encore aujourd'hui. Pour le moment j’y exerce en tant que contractuel car pour être embauchée, je dois passer un concours spécifique lié à la protection juridique de la jeunesse. C’est quelque chose que j’envisage peut-être un jour.
Avant d’entrer à l’IRTS Hauts-de-France, exerciez-vous déjà dans ce domaine ?
Pas réellement puisque j’étais éducatrice sportive. Mais j’ai toujours plus ou moins travaillé dans le domaine de l’animation et du social. Il était temps que je trouve ma voie et l’IRTS Hauts-de-France m'a donné un gros coup de pouce pour y arriver.
Pourquoi travailler avec un jeune public ? Qu'est-ce qui vous motive ?
Les jeunes sont un public vivant, plein d’énergie et d’enthousiasme. C’est ça que j’aime dans mon métier, le fait de leur apprendre des choses, de les accompagner et de les soutenir dans leur adolescence. Peut-être qu’un jour, je me tournerai vers un autre type de public mais pour le moment, je suis bien dans mon métier.
Et justement, en quoi quoi consiste votre métier ? Quelles sont vos missions ?
Le métier d’éducateur de la PJJ (protection judiciaire de la jeunesse) est avant tout un métier d’accompagnement au quotidien. En effet, nous sommes à leur côté en permanence, du petit déjeuner jusqu’au dîner. La particularité de nos jeunes, c’est qu’ils ont commis des délits. Ils sont donc condamnés et ont besoin de soutien, d’un accompagnement personnalisé individuel et surtout d’encadrement. Les missions qui me sont confiées : sociabiliser ces jeunes et préparer avec eux leur projet de sortie. Pour ce faire, je leur propose des activités, je les accompagne dans leurs démarches administratives et je fais des rapports aux juges sur l’avancée de leur accompagnement et l’évolution de leur comportement. Mais avant tout, j’essaye d’être à l’écoute et disponible pour eux dans n’importe quelle situation.
Parlez-nous du centre dans lequel vous travaillez, comment s'organise-t-il ?
Il faut savoir qu’il existe 7 établissements comme celui-ci en France, 7 centres qui accueillent des jeunes de 13 à 18 ans. Dès leur arrivée, ils sont suivis et évalués par tous les intervenants, médecins, éducateurs, enseignants, psychologues, etc…
Au sein du centre pénitencier dans lequel je travaille, il y a plusieurs unités. La première est celle des arrivants, où les jeunes séjournent en moyenne une semaine. Ils passent ensuite en commission pluridisciplinaire, qui va déterminer dans quelles unités nous allons les placer : classiques, renforcées ou unités de confiance. Il y a également une unité pour les filles. Au sein du centre, nous disposons également de salles de classe, d’un gymnase, d’une salle de spectacle et nous proposons souvent des activités, soit en interne, soit avec des prestataires externes, comme par exemple, des activités sportives, des ateliers d’art, de poterie, des temps de lecture, ou encore du théâtre.
Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Pour être éducateur de PJJ il faut être bienveillant, empathique, à l’écoute et surtout disponible pour ces jeunes qui ont parfois besoin de se confier.
Quel est le plus gros challenge que vous rencontrez au quotidien ?
Mes journées ne sont jamais les mêmes, j’ai beau tout prévoir, souvent ça ne se passe pas tout à fait comme prévu. Les journée sont rythmées, il se passe toujours quelque chose : un jeune qui craque, une urgence administrative, etc. Il n’y a aucun temps mort, mais c’est ça qui me plait.
Que vous ont apporté vos années à l’IRTS Hauts-de-France ?
Les cours théoriques m’ont beaucoup apporté, surtout ceux qui traitaient de la psychologie de l’enfance. La disponibilité des professeurs malgré la période de crise sanitaire a été remarquable. Ils étaient toujours présents et entrain à nous aider pour nous préparer au mieux à l’examen que je redoutais particulièrement.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs éducateurs, diplômés de l’IRTS Hauts-de-France?
Je leur conseillerais de ne pas se mettre de frein et de s’ouvrir à toute sorte de spécialisation. Il n’y a pas de public à négliger. Que ce soit les personnes porteurs de handicap, les jeunes ou les personnes en difficultés sociales, ils ont tous besoin d’un éducateur à leur côté. De plus, chaque expérience est enrichissante et permet de nous faire grandir aussi bien personnellement que professionnellement.